Un cours en ligne

Le contenu de ce blog est périssable.
Il s'agit de notes de cours, ou plutôt de schémas de cours, qui me servent pour traiter le programme de Lettres-philosophie devant mes classes de CPGE scientifiques, de première et de seconde année. Chaque année un nouveau thème, deux nouvelles oeuvres littéraires et une oeuvre philosophique.
J'en assume l'entière responsabilité, y compris lorsque s'y mêlent des jugements personnels sur des oeuvres et des auteurs, des conseils de lecture peu orthodoxes ou des pointes d'ironie. Le mot d'ordre que je m'efforce de suivre, lié à la lecture de Harry G. Frankfurt, est de ne pas mentir quand il est possible de baratiner, de ne pas baratiner quand ce n'est pas absolument nécessaire.

samedi 4 octobre 2014

Manicore

Les premiers groupes de colles de culture générale ont défilé devant leur examinateur, c'est-à-dire leur professeur. Comme chaque année il y a eu du bon et du moins bon. L'aisance à l'oral est une capacité que les études secondaires développent de manière très inégale, et qui tient sans doute pour beaucoup aux activités extra-scolaires. De mémoire de prof, on a très rarement vu un élève ayant pratiqué le théâtre en loisir avoir des difficultés à l'oral. Mais quant aux sportifs ou aux amateurs de jeux électroniques... c'est une autre histoire. 

La capacité à bien s'exprimer n'est pas seule en cause. Les inégalités de culture générale sont aussi très frappantes. Elles sont là, constatées par tous, un peu comme si durant un championnat on opposait l'équipe de France aux mimines de l'AS Bras-Panon. Or, il suffit de prendre de bonnes habitudes pour cesser d'être sot. Il convient de se tourner vers les connaissances, pas de consommer des informations. Rien de plus efficace que l'habitude d'écouter les radios de Radio-France, France-Inter et France-Culture, de regarder Arte, sur un écran de télé ou une tablette, de lire au CDI Le Monde ou Le Point, de fréquenter une médiathèque, de participer à la nuit des musées ou bien aux journées du patrimoine, pour se forger progressivement une solide culture générale.
Ceux qui ne le font pas sont ceux qui préfèrent l'inculture. Ce sont ceux, et ils sont nombreux hélas, qui refusent les lumières de la culture qu'aucune autre époque n'a aussi abondamment prodiguées gratuitement ou presque. Et c'est le conformisme bien plus que les différences de classes sociales qui est responsable du dédain généralisé pour la culture. C'est la paresse et pas la naissance dans telle famille qui est le principal obstacle... on la voit effectivement sévir dans des foyers aisés comme on la voit ardemment combattue dans des familles mono-parentales aux revenus très faibles !

Quittons la leçon de morale pour donner un bon conseil supplémentaire. On n'est plus à cela près... Ce conseil résulte d'un constat initial. Les textes proposés concernant la thématique du développement durable donnent parfois de remarquables exposés, mais très souvent des propos confus, témoignant d'une grande ignorance sur à peu près tout, le climat, les sols, les industries, le risque, les métiers, l'énergie, la science, les marchés, etc. Que d'exposés révoltés par la pollution et qui font entrevoir un avenir radieux basé sur le solaire ou les éoliennes ! Il ne faut plus s'étonner si un élève affirme qu'une centrale nucléaire rejette des composés radioactifs par sa cheminée ou s'il dit que demain nous roulerons tous en voitures électriques. 
Or, je ne suis pas sûr que dans ce genre de désastre soit imputable seulement à des lacunes. Parmi les causes de l'ignorance, il y a peut-être également de très mauvais cours de géographie, des reportages télévisuels bâtis sur le principe selon lequel il faut toujours terminer une émission par une note positive, des discours politiques qui pratiquent le green-washing... 
Des antidotes existent à ce baratin. Par exemple les cours et réflexions destinées au grand public de Jean-Marc Jancovici. C'est ce que je répète aux élèves lorsqu'ils tombent sur un texte concernant les gaz de schiste ou la transition énergétique ou même sur un article permettant de rebondir sur un des grands débats de société comme le réchauffement planétaire ou la société pétrolo-dépendante. 

Manicore, le site de Jean-Marc Jancovici vaut le détour. Il est toujours actualisé. Toujours alimenté de nouvelles connaissances. Car, avec son style "pince-sans-rire", Jancovici s'obstine à nous tirer de notre aveuglement, en nous rappelant des faits et surtout en nous donnant des méthodes pour bien penser ce genre de questions : avoir des ordres de grandeur précis dans la tête, raisonner en énergies primaires et non pas secondaires, utiliser la règle de trois, prendre en compte les effets systémiques, refuser de considérer l'économie comme reposant sur des lois naturelles... On a donc besoin de lui, besoin de lire attentivement ses analyses. 
En voici quelques unes parmi les (assez) récentes :
Et même des vidéos ou des émissions de radio :
Une des meilleures interventions, devant une commission de l'Assemblée Nationale :

Nos hommes et femmes politiques savent donc ou peuvent donc savoir ce que sait un ingénieur comme Jean-Marc Jancovici. Ils décident leurs programmes d'action en connaissance de cause, sans excuse. A chacun de nous, en tant que citoyens, de ne pas être les dupes des promesses aberrantes et des craintes irrationnelles. 
Bonnes futures colles sur ces thèmes de culture générale qui nous passionnent car ils engagent notre avenir commun ! Défendez votre opinion. Abordez les thèmes d'actualité en mobilisant toutes les capacités de votre raison et de votre formation scientifique.